Matthieu prend des photos
Il est caché derrière son appareil
Il scrute l’horizon à l’affût de la lumière
En retrait, la tête à l’envers

Son cœur est chaviré, son âme torturée
Malgré cela le cliché est du plus bel effet
Les couleurs sont belles, les couleurs sont miel
Tout se confond, la mer et le ciel

Ses modèles ont les pieds bien ancrés dans le sol
Contrairement à lui qui pourrait voler comme un parasol
Soudain le soleil fait une percée
Lui prend l’eau de tous les côtés

Les balades sont parfois solitaires, parfois accompagnées
Souvent il déambule
Un funambule aux pieds mouillés
Malmené par de vilaines pensées

Heureusement la mer pleine de poésie lui sourit
Il profite de ce répit car bientôt le décor se fera à nouveau gris
Le flux et le reflux lui chantent un air apaisé
Il regarde les siens, imagine leur tendre la main

Les yeux dans l’eau, les yeux qui pleurent
sa cacher, s’éloigner, gagner encore une heure
Plonger dans le miroir de son âme
Osez regarder et ne pas se noyer

Puis rentrer à Paris et rester au lit
Câliner le chat, un peu de ronron thérapie
Heureusement depuis quelques mois
L’envie de créer et de s’exposer lui tiennent compagnie

Alors continuer, trouver la force de se lever
Mettre un pied à terre, se faire un café
Par vents et marées, chaque jour recommencer
Croquer, dessiner, peindre ou photographier
Se nourrir de l’art, être moins chahuté
Pour y voir enfin son reflet dans l’eau, apaisé.

Bettina Taphanael Chevalier